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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/143

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« Ah ! les trois petites Turques, répondit André, non, rien depuis la lettre que je vous ai montrée… Oh ! j’imagine que l’aventure est finie et qu’elles n’y pensent plus. »

Pour dire cela, il affectait un air détaché, mais la question lui avait troublé sa paix contemplative, car les jours qui passaient, sans autre appel de ces inconnues, lui rendaient presque douloureuse l’idée qu’il ne réentendrait sans doute jamais la voix de « Zahidé », d’un timbre si étrangement doux sous le voile… Le temps n’était plus, où il se sentait sûr de l’impression qu’il pouvait faire ; rien ne l’angoissait comme la fuite de sa jeunesse, et il se disait tristement : « Elles m’attendaient jeune, et elles ont dû être par trop déçues… »

Leur dernière lettre se terminait par ces mots : « Nous serons vos amies, si vous voulez. » Certes, il ne demandait pas mieux. Mais, où donc les prendre à présent ? Dans un labyrinthe aussi immense et soupçonneux que celui de Constantinople, rechercher trois femmes turques dont on ne connait ni le nom, ni le visage, autant s’essayer à une de ces tâches infaisables et ironiques, comme les mauvais génies en proposaient autrefois aux héros des contes… X