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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/145

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en Turquie une règle d’étiquette pour se présenter chez les souverains ; car, si cette traîne de cour est obligatoire, aucune femme, à moins d’être princesse du sang, n’a le droit de la laisser balayer les somptueux tapis du palais. Ensuite, on enveloppa la tête blonde sous un yachmak, le voile de mousseline blanche d’autrefois que les grandes dames portent encore, en voiture ou en caïque, dans certaines occasions spéciales, et qui est exigé, comme la robe à queue, pour entrer à Yldiz, où aucune visiteuse en tcharchaf ne serait reçue.

C’était l’heure ; « Zahidé », après le baiser d’adieu de ses cousines, descendit prendre place dans son coupé noir aux lanternes dorées, attelé de chevaux noirs, avec plaques d’or sur les harnais. Et elle partit, stores baissés, l’inévitable eunuque trônant à côté du cocher.

Voici de quel malheur, du reste facile à prévoir, elle se trouvait aujourd’hui menacée : les deux mois de retraite, consentis par sa belle-mère, avaient pris fin, et maintenant Hamdi réclamait impérieusement sa femme au domicile conjugal. Question de fortune peut-être, mais question d’amour aussi, car il avait bien compris que c’était elle, le charme de sa demeure, malgré l’empire qu’avait exercé l’autre sur ses sens. Et il les voulait toutes les deux.

Alors, le divorce à tout prix. Mais à qui avoir