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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/147

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attendait, une trentaine de petites fées, — des toutes jeunes esclaves, des merveilles de beauté et de grâce, — vêtues pareillement comme des sœurs et alignées en deux files pour la recevoir ; après un grand salut d’ensemble, les petites fées s’abattirent sur elle, comme un vol d’oiseaux caressants et légers, et l’entraînèrent dans le « salon des yachmaks », où chaque dame doit entrer d’abord pour quitter ses voiles. Là, en un clin d’œil, avec une adresse consommée, les fées, sans mot dire, lui eurent enlevé ses mousselines enveloppantes, qui étaient retenues par d’innombrables épingles, et elle se trouva prête, pas une mèche de ses cheveux dérangée, sous le turban de gaze impondérable qui se pose en diadème très haut, et qui est de rigueur à la cour, les princesses du sang ayant seules le droit d’y paraître tête nue. L’aide de camp vint ensuite la saluer et la conduire dans un salon d’attente ; une femme, bien entendu, cet aide de camp, puisqu’il n’y a point d’hommes chez une sultane ; une jeune esclave circassienne, toujours choisie pour sa haute taille et son impeccable beauté, qui porte jaquette de drap militaire à aiguillettes d’or, longue traîne, relevée dans la ceinture, et petit bonnet d’officier galonné d’or. Dans le salon d’attente, ce fut Madame la Trésorière, qui vint suivant les rites lui tenir un moment compagnie : une Circassienne encore, il va sans dire, puisqu’on n’accepte aucune Turque au ser-