Aller au contenu

Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vice du palais, mais une Circassienne de bonne famille, pour occuper une charge aussi hautement considérée ; et, avec celle-ci qui était du monde, même grande dame, il fallut causer… Mortelles, toutes ces lenteurs, et son espoir, son audace de plus en plus faiblissaient…

Près d’entrer enfin dans le salon, si difficilement pénétrable, où se tenait la mère du Khalife, elle tremblait comme d’une grande fièvre.

Un salon d’un luxe tout européen, hélas ! sauf les merveilleux tapis et les inscriptions d’Islam ; un salon gai et clair, donnant de haut sur le Bosphore, que l’on apercevait lumineux et resplendissant à travers les grillages des fenêtres. Cinq ou six personnes en tenue de cour, et la bonne princesse, assise au fond, se levant pour recevoir la visiteuse. Les trois grands saluts, de même que pour les Majestés occidentales ; mais le troisième, un prosternement complet à deux genoux, la tête à toucher terre, comme pour baiser le bas de la robe de la Dame, qui, tout de suite, avec un franc sourire, lui tendait les mains pour la relever. Il y avait là un jeune prince, l’un des fils du Sultan (qui ont, tout comme le Sultan lui-même, le droit de voir les femmes à visage découvert). Il y avait deux princesses du sang, frêles et gracieuses, tête nue, la longue traîne éployée. Et enfin trois dames à petit turban sur chevelure très blonde, la traîne retenue captive dans la ceinture ; trois « Saraylis », jadis esclaves de