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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/149

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ce palais même, puis grandes dames de par leur mariage, et qui étaient depuis quelques jours en visite chez leur ancienne maîtresse et bienfaitrice, ayant conquis le droit, en tant que Saraylis, de venir chez n’importe quelle princesse sans invitation, comme on va dans sa propre famille. (On entend ainsi l’esclavage, en Turquie, et plus d’une épouse de nos socialistes intransigeants pourrait venir avec fruit s’éduquer dans les harems, pour ensuite traiter sa femme de chambre, ou son institutrice, comme les dames turques traitent leurs esclaves.)

C’est un charme qu’ont presque toujours les vraies princesses, d’être accueillantes et simples ; mais aucune sans doute ne dépasse celles de Constantinople en simplicité et douce modestie.

— Ma chère petite, dit gaiement la Sultane à chevelure blanche, je bénis le bon vent qui vous amène. Et, vous savez, nous vous gardons tout le jour ; nous vous mettrons même à contribution pour nous faire un peu de musique : vous jouez trop délicieusement.

Des fraîches beautés qui n’avaient point encore paru (les jeunes esclaves préposées aux rafraîchissements) firent leur entrée apportant sur des plateaux d’or, dans des tasses d’or, des boîtes d’or, le café, les sirops, les confitures de roses ; et la Sultane mit la conversation sur quelqu’un de ces sujets du jour qui