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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/153

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sa joie. Elle était libre, oui, et son orgueil, vengé. Mais, elle s’en apercevait maintenant, un sombre désir la tenait encore à ce Hamdi, dont elle croyait s’être affranchie là pour toujours.

« Ceci est une chose basse et humiliante, se dit-elle alors, car cet homme n’a jamais eu ni loyauté ni tendresse, et je ne l’aime pas. Il m’a donc bien profanée et avilie sans rémission pour que je me rappelle encore son étreinte. J’ai eu beau faire, je ne m’appartiens plus complètement, puisque je demeure entachée par ce souvenir. Et si, plus tard, sur ma route, passe un autre que je vienne à aimer, il ne me reste plus que mon âme, qui soit digne de lui être donnée ; et jamais je ne lui donnerai que cela, jamais… »