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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/163

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Et André, les montrant l’une après l’autre du bout de son doigt, prononça comme un écolier qui récite docilement sa leçon : « Zahidé, Néchédil, Ikbal. »

"Oh ! que c’est bien !… Mais nous ne nous appelons pas comme cela du tout, vous savez ?

— Je m’en doutais, croyez-le… D’autant plus que Néchédil, entre autres, est un nom d’esclave.

— Néchédil… En effet, oui… Ah ! vous êtes si fin que ça ! "

Le radieux soleil tombait en plein sur leurs épais voiles, et André, à la faveur de cet éclairage à outrance, essayait de découvrir quelque chose de leurs traits. Mais non, rien. Trois ou quatre doubles de gaze noire les rendaient indéchiffrables…

Un moment il se laissa dérouter par les modestes tcharchafs, en soie noire un peu élimée, et les gants un peu défraîchis, qu’elles avaient cru devoir prendre pour ne pas attirer l’attention : « Après tout, se dit— il, peut-être ne sont-elles pas de si belles dames que je croyais, les pauvres petites. » Mais ses yeux tombèrent ensuite sur leurs souliers très élégantes et leurs fins bas de soie… Et puis, cette haute culture dont elles faisaient preuve, et cette parfaite aisance ?…

« Eh bien ! depuis l’autre jour, demanda l’une, n’avez-vous pas fait quelques perquisitions pour nous » identifier" ?

— Elles seraient commodes, les perquisitions, par exemple !…