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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/164

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Et puis, ça m’est égal !… J’ai trois petites amies charmantes ; ça, je le sais, et, comme indication, je m’en contente…

— Oh ! à présent, proposa « Néchédil », nous pourrions bien lui dire qui nous sommes… La confiance en lui, nous l’avons…

— Non, j’aime mieux pas, interrompit André.

— Gardons-nous-en bien, dit « Ikbal »… C’est tout notre

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charme à ses yeux, ça : notre petit mystère… Avouez-le, monsieur Lhéry, si nous n’étions pas des musulmanes voilées, s’il ne fallait pas, à chacun de nos rendez-vous, jouer notre vie, —et peut-être, vous aussi, la vôtre, —vous diriez : « Qu’est-ce qu’elles me veulent, ces trois petites sottes ? » et vous ne viendriez plus.

— Mais non, voyons…

— Mais si… L’invraisemblance de l’aventure, et le danger, c’est bien tout ce qui vous attire, allez !

— Non, je vous dis… plus maintenant…

— Soit, n’approfondissons pas, —conclut « Zahidé » qui depuis un moment ne disait plus rien, —n’éclaircissons pas le débat ; je préfère… Mais, sans vous mettre au courant de notre état civil, monsieur Lhéry, permettez qu’on vous apprenne nos noms vrais ; tout en nous laissant notre incognito, il me semble que cela nous rendra plus vos amies…

— Ça, je le veux bien, répondit-il, et je crois que je