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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/183

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Il les observait. Elles avaient leurs mêmes tcharchafs que l’autre jour, en soie noire élimée par endroits. Et avec cela, chaussées comme des petites reines. Et puis, leurs gants ôtés, on voyait scintiller de belles pierres à leurs doigts. Qu’est-ce que c’était que ces femmes-là, et qu’est-ce que c’était que cette maison ?

Djénane demanda, de sa voix de petite sirène blessée qui va mourir :

"Combien de temps pouvez-vous nous donner ?

— Tout le temps que vous me donnerez vous-mêmes.

— Nous, nous avons à peu près deux heures de quasi-sécurité ; mais vous trouverez que c’est long, peut-être ? "

Mélek apportait un de ces tout petits guéridons en usage à Constantinople pour les dînettes que l’on offre toujours aux visiteurs:café, bonbons et confitures de roses. La nappe était de satin blanc brodé d’or, avec des violettes de Parme, naturelles, jetées dessus, le service était de filigrane d’or, et cela complétait l’invraisemblance de tout.

« Voici les photos d’Eyoub, lui dit-elle, —en le servant comme une mignonne esclave, —mais elles sont manquées. Nous recommencerons aujourd’hui même, puisque nous ne nous reverrons plus ; il y a peu de lumière; cependant, avec une pose plus longue… »