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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/184

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Ce disant, elle présentait deux petites images confuses et grises, où la silhouette de Djénane se dessinait à peine, et André les accepta négligemment, loin de se douter du prix qu’il y attacherait plus tard…

"C’est vrai, demanda-t-il, que vous allez partir ?

— Très vrai.

— Mais vous reviendrez… et nous nous reverrons ?…

À quoi Djénane répondit par ce mot imprécis et fataliste, que les Orientaux appliquent à toutes les choses de l’avenir : « Inch’Allah !… » Partiraient-elles bien réellement, où était-ce pour mettre fin à l’audacieuse aventure, par crainte des lassitudes peut-être, ou du terrible danger ? Et André, qui, en somme, ne savait rien d’elles, les sentait fuyantes comme des visions, impossibles à retenir ou à retrouver, le jour où leur fantaisie ne serait plus de le revoir.

"Et ce sera bientôt, votre départ ? se risqua-t-il à demander encore.

— Dans une dizaine de jours, sans doute.

— Alors, il vous reste le temps de me faire signe une autre fois ! "

Elles tinrent conseil à voix basse, en un turc elliptique, très mêlé de mots arabes, très difficile à entendre pour André :

« Oui, samedi prochain, dirent-elles, nous essayerons encore… Et merci de l’avoir désiré. Mais savez-vous