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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/201

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lui cria doucement merci, —en turc, car il était déjà presque dehors, s’engageant dans l’impasse funèbre.

Dehors on avait froid, sous ces nuages épais et ce vent de Russie. La tombée du jour se faisait lugubre comme en décembre. C’était par ces temps que Stamboul, d’une façon plus poignante, lui rappelait sa jeunesse, car le court enivrement de son séjour à Eyoub, autrefois, avait eu l’hiver pour cadre. Quand il traversa la place déserte, devant la grande mosquée de Sultan-Selim, il se souvint tout à coup, avec une netteté cruelle, de l’avoir traversée, à cette même heure et dans cette même solitude, par un pareil vent du Nord, un soir gris d’il y avait vingt-cinq ans. Alors ce fut l’image de la chère petite morte qui vint tout à coup balayer entièrement celle de Djénane.