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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/217

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de bataille, si la terre natale est en cause, ou si c’est l’Islam et la foi !

La prière finie, André retourna avec les autres fidèles s’asseoir et fumer dehors, sous la belle lune qui montait toujours. Il pensait, avec un contentement très calme, à la tombe réparée, qui devait à cette heure se dresser si blanche, droite et jolie, dans la nuit claire, pleine de rayons. Et maintenant, ce devoir accompli, il aurait pu quitter le pays, puisqu’il s’était dit autrefois qu’il n’attendrait que cela. Mais non, le charme oriental l’avait peu à peu repris tout à fait, et puis, ces trois petites mystérieuses, qui reviendraient bientôt avec l’été de Turquie, il désirait entendre encore leurs voix. Les premiers temps, il avait eu des remords de l’aventure, à cause de l’hospitalité confiante que lui donnaient ses amis les Turcs ; ce soir, au contraire, il n’en éprouvait plus : « En somme, se disait-il, je ne porte atteinte à l’honneur d’aucun d’eux ; entre cette Djénane, assez jeune pour être ma fille, et moi qui ne l’ai même pas vue et ne la verrai sans doute jamais, comment pourrait-il y avoir de part et d’autre rien de plus qu’une gentille et étrange amitié ? »

Du reste, il avait reçu dans la journée une lettre d’elle, qui semblait mettre définitivement les choses au point :

"Un jour de caprice, —écrivait-elle du fond de son palais de belle-au— bois-dormant, qui ne l’empêchait plus d’