Aller au contenu

Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils se rencontrèrent beaucoup, pendant toute cette délicieuse fin de l’été. Aux Eaux-Douces d’Asie, chaque semaine au moins une fois, leurs caïques se frôlèrent, eux ne bronchant point, Zeyneb et Mélek, dont les traits se voyaient un peu, osant à peine sourire à travers leurs gazes noires. À Stamboul, chez la bonne nourrice, ils se revirent aussi ; elles étaient plus libres au Bosphore que dans leurs grandes maisons d’hiver à Khassim-Pacha, trouvaient mille prétextes pour venir en ville et semaient leurs esclaves en route ; il est vrai, chaque entrevue nouvelle nécessitait des tissus d’audaces et de ruses, qui toujours paraissaient près de se rompre et de changer en drame l’innocente aventure, mais qui toujours finissaient par réussir miraculeusement. Et le succès leur donnait plus d’assurance, leur faisait imaginer de plus téméraires entreprises. « Vous pourriez raconter cela dans le