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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/271

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des soies de Damas roses ou bleues, lamées d’or, —qui tombent en plis à l’antique, et des mousselines blanches enveloppent toutes les têtes ; ces costumes, au milieu de ce site très particulier, et cette quiétude charmée qu’elles ont dans l’allure, font songer, quand approche le crépuscule, aux Ombres bienheureuses du paganisme se promenant dans les Champs Élyséens…

André était un des fidèles habitués de la Vallé-du-Grand-Seigneur ; il y vivait presque journellement, depuis qu’il était censé résider à Thérapia.

À lheure fixée il avait débarqué là sous les platanes-baobabs, en compagnie de Jean Renaud, chargé encore de faire le guet et samusant toujours de ce rôle. Ses domestiques musulmans, impossibles en pareille circonstance, il les avait laissés sur la rive dEurope, pour namener quun fidèle serviteur français qui lui apportait comme dhabitude un fez turc dans un sac de voyage. Depuis ses intimités nouvelles, il était coutumier de ces changements de coiffure qui avaient jusquici conjuré le danger, et qui se faisaient n’importe où, dans un fiacre, dans une barque, ou simplement au milieu dune rue déserte.

Il les vit arriver toutes les trois en talika, puis mettre pied à terre ; et, comme des petites personnes qui vont innocemment se promener, elles prirent à travers la plaine, qui déjà, par places, devenait violette