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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/359

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plus tard, dans les grisailles crépusculaires de son avenir et de son déclin,… peut-être oui… Mais cependant pour quoi faire ? Quand on revient, qu’est-ce qu’on trouve, de soi-même et de ce qu’on a aimé ? Quelle décevante aventure, que ces retours, puisque tout est changé ou mort !… Et d’ailleurs, se disait-il, quand j’aurai écrit le livre dont ces pauvres petites m’on arraché la promesse, ne me serai-je pas fermé à tout jamais ce pays, n’aurai-je pas perdu la confiance de mes amis les Turcs et le droit de cité dans mon cher Stamboul ?…

Il passa comme un jour, ce mois d’avril. Pour André, il passa en pèlerinage et rêveries à Stamboul, stations à Eyoub ou à Sultan-Fatih, et narguilés de plein air, —malgré les temps incertains, les reprises du froid et du vent de neige.

Et puis ce fut le 1er mai, et Djénane ne parla point de quitter son vieux palais inaccessible. Elle écrivait moins que l’an dernier, et des lettres plus courtes. « Excusez mon silence, lui dit-elle une fois. Tâchez de le comprendre, il y a tant de choses dedans… »

Zeyneb et Mélek cependant affirmaient toujours qu’elle viendrait et semblaient bien en être sûres.

Ces deux-là aussi, André les voyait moins que l’année dernière. L’une était plus retirée de la vie, et la seconde plus inégale, sous cette menace d’un mariage. En