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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/36

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usages et les grilles en répondaient… Mais cependant…

Quand elle redescendit enfin, elle se trouva en présence d’une petite personne accommodée en fantôme noir pour la rue, l’air agité, pressé de sortir :

"Et où allez-vous, ma petite amie ?

— Chez mes cousines, leur montrer ça. (Ça, c’était la lettre.) Vous venez, vous aussi, naturellement. Nous la lirons là-bas ensemble. Allons, trottons-nous !

— Chez vos cousines ? Soit !… Je vais remettre ma voilette et mon chapeau.

— Votre chapeau ! Alors nous en avons pour une heure, zut !

— Voyons, ma petite, voyons !…

— Voyons quoi ?… Avec ça que vous ne le dites pas, vous aussi, zut, quand ça vous prend… Zut pour le chapeau, zut pour la voilette, zut pour le jeune bey, zut pour l’avenir, zut pour la vie et la mort, pour tout zut ! "

Mademoiselle Bonneau à ce moment pressentit qu’une crise de larmes était proche et, afin d’amener une diversion, joignit les mains, baissa la tête dans l’attitude consacrée au théâtre pour le remords tragique :

« Et songer, dit-elle, que votre malheureuse grand-mère m’a payée et entretenue sept ans pour une éducation pareille !… »