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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/363

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XXXVIII

Le 1er du beau mois de juin ! Mai n’avait eu aucune durée ; Djénane n’était d’ailleurs pas revenue, et ses lettres, maintenant toujours courtes, n’expliquaient rien.

Le 1er du beau mois de juin ! André qui avait repris son appartement de Thérapia, au bord de l’eau, devant l’ouverture de la Mer Noire, s’éveilla dans la splendeur du matin, le cœur plus serré, du seul fait d’être en juin; rien que ce changement de date lui donnait le sentiment d’un grand pas de plus vers la fin.—D’ailleurs, son mal sans remède, qui était l’angoisse de la fuite des jours, ne manquait jamais de s’exaspérer dans l’effarement extra-lucide des réveils.—Ce qu’il sentait fuir, cette fois, c’était ce printemps oriental, qui le grisait comme au temps de sa jeunesse, et qu’il ne retrouverai jamais, jamais plus… Et il songeait:« Demain finira tout cela, demain s’éteindra pour moi ce