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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/383

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jour des beaux chapeaux, avec beaucoup de roses et de plumets dessus, comme les dames Pérotes ?

— Non, ne soyez pas moqueur, André, aujourd’hui, si près de notre dernier jour…"

Il les écouta donc avec recueillement. Sans s’illusionner le moins du monde sur la portée de ce qu’il pourrait faire pour elles, il voulait au moins ne pas les présenter sous un jour fantaisiste, ne rien écrire qui ne fût conforme à leurs idées. Il lui parut qu’elles tenaient à la plupart des coutumes de l’Islam, et qu’elles aimaient infiniment leur voile, à condition de le relever parfois devant des amis choisis et à l’épreuve. Le maximum de leurs revendications était qu’on les traitât davantage comme des êtres pensants, libres et responsables ; qu’il leur fût permis de recevoir certains hommes, même voilées si on l’exigeait, et de causer avec eux, —surtout lorsqu’il s’agirait d’un fiancé.

« Avec ces seules concessions, insista Djénane, nous nous estimerions satisfaites, nous et celles qui vont nous suivre, pendant au moins un demi-siècle, jusqu’à une période plus avancée de nos évolutions. Dites— le bien, notre ami, que nous ne demanderions pas plus, afin qu’on ne nous juge point folles et subversives. D’ailleurs, ce que nous souhaitons là, je défie que l’on trouve dans le livre de notre prophète un texte un peu formel qui s’y oppose. »