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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/406

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XLVIII


Environ quatre heures du matin. C’était maintenant Djénane qui veillait. Depuis un instant la visiteuse voilée, dont la prière emplissait cette chambre de harem, forçait la voix au milieu du silence plus solennel, lisait avec exaltation comme si elle avait le sentiment que quelque chose se passait, quelque chose de suprême. Et Djénane, qui tenait toujours une des petites mains transparentes de Mélek dans les siennes, sans s’apercevoir qu’elle devenait froide, sursauta de terreur, parce qu’on lui frappait sur l’épaule : deux petits coups d’avertissement, avec une discrétion sinistre… Oh ! l’atroce figure de vieille, jamais vue, qui venait de surgir là derrière elle, entrée sans bruit par cette porte toujours ouverte, une grande vieille, large de carrure, mais décharnée, livide, et qui, sans rien dire, lui faisait signe : « Allez-vous-en ! » Elle avait dû longuement épier dans le couloir, et puis,