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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/428

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jour, lui ; donc, lagitation causée par sa présence, le trouble et le danger continuaient de les soutenir ; elles se sentaient actives et fébriles; tandis quaprès, oh ! après ce serait la replongée soudaine dans ce calme où il ny aurait plus rien….

Pour André au contraire, la journée commençait dans la mélancolie plutôt tranquille. Limmense lassitude davoir tant vécu, tant aimé et tant de fois dit adieu, endormait décidément son âme à lheure de ce départ, que davance il sétait représenté plus cruel. Avec surprise, presque avec remords, il constatait déjà en soi-même une sorte de détachement avant dêtre en route… "Dailleurs il fallait couper court, se disait-il ; quand je serai loin, tout ira mieux pour elle ; tout sarrangera, hélas ! sous les caresses de Hamdî….

Mais quel ciel décevant, pour le dernier jour ! Il avait compté, dans une flânerie triste et douce au soleil de novembre, aller encore jusquà Stamboul. Mais non, impossible, avec ce temps dhiver ; ce serait finir sur des images trop décolorées… Il ne passerait donc pas les ponts, — — plus jamais, —et resterait dans ce Péra insipide et crotté, à sennuyer en attendant lheure.

Deux heures, temps de quitter lhôtel pour se diriger vers la mer. Avant de descendre, il y eut cependant linfinie tristesse du dernier regard jeté de la