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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/43

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Impayable, par exemple !… Il s’y connaît même si bien, paraît-il, que le voilà tout à fait sûr que non !

— Eh ! mais c’est un succès, ça, ma chère, —lui dit Zeyneb, l’aînée des cousines, —ça prouve que le piquant de ton esprit, l’élégance de ton style…

— Un succès, —contesta la petite rousse au nez en l’air, au minois toujours comiquement moqueur, —un succès !… Si c’est qu’il te prend pour une Pérote, merci de ce succès-là."

Il fallait entendre comment était dit ce mot Pérote (habitante du quartier de Péra). Rien que dans la façon de le prononcer, elle avait mis tout son dédain de pure fille d’Osmanlis pour les Levantins ou Levantines (Arméniens, Grecs ou Juifs) dont le Pérote représente le prototype (1)

(1) Tout en me rangeant à l’avis des Osmanlis sur la généralité des Pérotes, je reconnais avoir rencontré parmi eux d’aimables exceptions, des hommes parfaitement distingués et respectables, des femmes qui seraient trouvées exquises dans n’importe quel pays et quel monde. (Note de l’auteur.)

"Ce pauvre Lhéry, —ajouta Kerimé, l’une des jeunes invitées, —il retarde !… Il en est sûrement resté à la Turque des romans de 1830 : narguilé, confitures et divan tout le jour.

— Ou même simplement, —reprit Mélek, la petite rousse au bout de nez narquois, —simplement à la Turque