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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/156

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MADAME CHRYSANTÈME

chats sur lesquels une averse est tombée, et montons dans notre appartement.

Devant le Bouddha, les petites lampes brûlent ; au milieu de la chambre, la gaze bleu-nuit est tendue. En arrivant, la première impression est bonne : il est gentil, le logis, ce soir ; il a un vrai mystère, à cause de ce silence et de cette heure tardive. Et puis, par un temps pareil, il fait toujours bon rentrer chez soi…

Allons, vite, faisons la chambre d’Yves. Chrysanthème, très en train à l’idée que son grand ami va coucher près d’elle, y met toutes ses forces ; d’ailleurs il s’agit simplement de pousser dans leurs glissières trois ou quatre panneaux de papier, qui formeront tout de suite une chambre à part, un compartiment dans la grande boîte où nous logeons. — Je les avais crus complètement blancs, ces panneaux : eh bien, non ! il y a sur chacun d’eux un groupe de deux cigognes, — peintes en grisaille dans ces poses inévitables que l’art japonais a consacrées : l’une qui porte la tête altière et lève une jambe avec noblesse, l’autre qui se gratte. Oh ! ces cigognes… ce qu’elles vous impatientent, au bout d’un mois de Japon !…