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MADAME CHRYSANTÈME

nattes blanches, du bois blanc ; une simplicité apparente extrême dans l’ensemble, et une incroyable préciosité dans les détails infiniment petits : telle est la manière japonaise de comprendre le luxe intérieur.

Ma belle-mère me paraît vraiment une femme fort bien. N’étaient les sentiments spleeniques insurmontables que son jardinet m’inspire, je la visiterais souvent. Rien de commun avec les mamans de Jonquille, de Campanule, de Touki ; infiniment mieux que tout cela ; et puis, des restes de charmes ; d’assez belles allures. — Son passé m’intrigue et cependant, vu ma qualité de gendre, la bienséance m’empêche de pousser trop loin mes questions.

D’aucuns prétendent que c’est une ancienne guécha jadis renommée à Yeddo, puis déchue de la faveur du public élégant, pour avoir eu l’étourderie de devenir mère. Cela expliquerait bien le talent de sa fille sur la guitare : elle lui aurait inculqué elle-même le doigté et la manière du Conservatoire.


Depuis Chrysanthème (l’aînée et la première cause de cette déchéance), ma belle-mère, nature