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MADAME CHRYSANTÈME

de prudence, et puis allumons une lanterne et descendons voir s’il n’y a personne de caché dans des coins, si les portes sont bien closes ; pour rassurer Chrysanthème, faisons une ronde générale au logis.

Nous voilà donc parcourant ensemble, sur la pointe des pieds, toutes les retraites intimes de cette maison, qui, à en juger par ses bases, doit être bien antique, malgré ses cloisons légères en papier frais ; des renfoncements tout noirs, des petits caveaux voûtés de poutres vermoulues ; des armoires pour le riz qui sentent la vétusté et la moisissure ; des dessous très mystérieux où s’est amoncelée la poussière des siècles. En pleine nuit et pendant une chasse aux voleurs, tout cela, que je ne connaissais pas, a mauvais aspect.

À pas de loup, nous traversons l’appartement de nos propriétaires. — C’est Chrysanthème qui m’entraîne par la main, et je me laisse conduire. — Ils dorment en rang sous leur tente de gaze bleuâtre, éclairés par les veilleuses qui brûlent devant l’autel de leur ancêtres. — Tiens ! Ils sont alignés dans un ordre qui pourrait prêter à jaser, par exemple ! — Mademoiselle Oyouki d’abord,