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MADAME CHRYSANTHÈME

plateau des bonbons bénis, achetés là-bas aux portes de ce temple à notre intention et qu’il faut manger tout de suite, avant que la vertu en soit éventée. — Sans sortir d’un demi-sommeil, nous absorbons ces petites choses au sucre et au poivre, en remerciant beaucoup.

Yves dort tranquille, sans donner cette fois des coups de poing dans le plancher, ni des coups de pieds. Il a suspendu sa montre à l’une des mains de notre idole dorée, pour être plus sûr de voir toute la nuit l’heure qu’il est à la lumière de la sainte veilleuse. Il se lève de grand matin, demandant : J’ai été sage ? — et s’habille en hâte, préoccupé par l’appel et par le service.

Dehors, il doit déjà faire jour ; par ces petits trous, que le temps a percés dans nos panneaux de bois, des jets de clarté matinale entrent chez nous ; dans l’air de notre chambre, où nous conservons de la nuit enfermée, ils tracent de vagues rayures blanches. — Tout à l’heure, quand le soleil se lèvera, ces rayures vont s’allonger et devenir d’une belle couleur d’or. — On entend les cigales et les coqs, et bientôt madame Prune commencera son chant mystique.