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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/286

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MADAME CHRYSANTÈME

nervures très rapprochées et à grands bariolages fantasques.

Elle me reconnaît de loin et, rieuse comme toujours, accourt au-devant de moi.

Je lui annonce notre départ, — et une grosse moue contracte sa figure enfantine… Allons, est-ce qu’elle en a du chagrin, vraiment ?… Est-ce qu’elle va pleurer ?… — Non ! non ; cela tourne en un accès de rire, un peu nerveux sans doute, mais inattendu, déconcertant, — sec et cristallin, dans le silence de ces sentiers chauds, comme une dégringolade de petites perles fausses.

Ah ! bien, par exemple, voilà un mariage qui sera rompu sans douleur ! — Elle m’impatiente, cette linotte, avec son rire, et je lui tourne le dos pour continuer ma route.


Là-haut, Chrysanthème dort, étendue sur le plancher ; la maison est complètement ouverte et une tiède brise de montagne passe au travers.

Précisément nous devions donner un thé ce soir, et, d’après mes indications, il y a déjà des fleurs partout. Encore des lotus dans nos vases, de beaux lotus roses ; les derniers de la saison, cette fois, je