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MADAME CHRYSANTHÈME

pense. — On a dû les commander chez ces fleuristes spéciaux qui demeurent là-bas, dans les quartiers du Grand Temple, et ils vont me coûter très cher.

À petits coups légers d’éventail, je réveille cette mousmé surprise, et je lui annonce que je m’en vais, curieux de l’impression que je vais produire.

— Elle se redresse, frotte, avec le revers de ses petites mains, ses paupières alourdies, puis me regarde et baisse la tête : quelque chose comme un sentiment de tristesse passe dans ses yeux.

C’est pour Yves, sans doute, ce petit serrement de cœur.


La nouvelle court la maison.

Mademoiselle Oyouki monte quatre à quatre, ayant une demi-larme de bébé dans chaque œil ; elle m’embrasse avec ses grosses lèvres rouges, qui font toujours un rond mouillé sur ma joue ; — puis, vite, tire de sa grande manche un carré de papier de soie, essuie ces pleurs furtifs, mouche son petit nez, roule la feuille en boulette, — et la lance dans la rue sur le parasol d’un passant.

Madame Prune apparaît ensuite, agitée, défaite,