Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/39

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Debout elle était un peu grande ; sa taille était moulée comme celle d’une élégante dans un corsage ajusté ne faisant pas de plis. Malgré sa coiffe, elle avait un air de demoiselle. Même ses mains, sans avoir cette excessive petitesse étiolée qui est devenue une beauté par convention, étaient fines et blanches, n’ayant jamais travaillé à de grossiers ouvrages.

Il est vrai, elle avait bien commencé par être une petite Gaud courant pieds nus dans l’eau, n’ayant plus de mère, allant presque à l’abandon pendant ces saisons de pêche que son père passait en Islande ; jolie, rose, dépeignée, volontaire, têtue, poussant vigoureuse au grand souffle âpre de la Manche. En ce temps-là, elle était recueillie par cette pauvre grand’mère Moan, qui lui donnait Sylvestre à garder pendant ses dures journées de travail chez les gens de Paimpol.

Et elle avait une adoration de petite mère pour cet autre tout petit qui lui était confié, dont elle était l’aînée d’à peine dix-huit mois ; aussi brun qu’elle était blonde, aussi soumis et câlin qu’elle était vive et capricieuse.

Elle se rappelait ce commencement de sa vie, en