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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/54

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ALPHONSE

Il faut que tu sois fou ; ton jugement s’égare
Et quelque vaine peur t’a troublé jusqu’au point…


FRONTIN

La peur m’est naturelle et ne me trouble point.
 (Quel beau vers pour Sosie ! et pour le Matamore).
J’apporterai dans ces lieux un cœur désespéré

Le temps, qui de nos maux calme la violence
M’a guéri de mes feux par l’amour des Sciences
Et dégagé des sens mon esprit curieux

Pour l’élever plus haut dans les secrets des cieux.
Ici, dans le mépris d’une vie éclatante
Je goûte des plaisirs que le silence augmente
Et qui rendent le calme à mon cœur agité
Ont autant de douceur qu’ils ont de pureté.


Molière lui aussi, — comme Lambert, — imite Corneille à s’y méprendre. Voici des vers que Racine eût vainement imités. S’ils n’étaient signés Molière, je prêterais serment qu’ils sont de Pierre Corneille. Celui-ci d’abord, tout seul, suffirait ; dès le premier hémistiche :


— Mais…,
   — Non, Madame, non !


Pour quiconque a lu Corneille, cette interruption d’Alceste est la voix même de l’auteur.