Trop de perversité règne au siècle où nous sommes
Et je veux me tirer du commerce des hommes.
Quoi ! Contre ma partie on voit tout à la fois
L’honneur, la probité, la pudeur et les lois !
On publie en tous lieux l’équité de ma cause
Sur la foi de mon droit mon âme se repose
Cependant, je me vois trompé par le succès !
J’ai pour moi la justice et je perds mon procès !
Oh ! quel chef-d’œuvre du pastiche qu’un vers pareil :
Sur la foi de mon droit mon âme se repose.
Par la structure soudaine de ses fondations et de son édifice et de son belvédère, cet alexandrin est un prodige. Il superpose trois abstractions ; et la tour, en trois mots est si bien construite, qu’au sommet du dernier étage, toute la force de la phrase, le verbe lui-même, repose. Le tour de force que Pierre Corneille exécutait une fois par jour pour narguer ses imitateurs, c’était justement celui-là : mettre à l’épreuve du verbe l’édifice d’une abstraction triple, et réussir en un seul vers cet exercice d’équilibriste… Il disait par exemple que, pour l’homme, le plus sûr,
C’est d’affermir ses pas sur le mépris du monde.
et c’est un vers signé Corneille ; il n’est pas inutile