Corneille sans interruption. Ce détail passe inaperçu dans les biographies de Molière.
En 1650, Corneille a fini d’inventer toutes les formes de la comédie moliéresque :
Comédie de mœurs (Galerie du Palais).
Comédie lyrique (Illusion comique).
Comédie de caractères (Le Menteur).
Comédie critique (La Suite du Menteur).
La féerie avec grand spectacle (Andromède).
La comi-tragédie (Don Sanche d’Aragon).
La théorie de la grande comédie bourgeoise (préface de Don Sanche).
Le mot suprême du discours de Racine sur Corneille est cet éloge, rare entre tous :
« Quelle prodigieuse variété de caractères ».
Cette variété n’est pas moins « prodigieuse » aujourd’hui. L’invention perpétuelle de Corneille, en art dramatique, est un prodige pour nous aussi. Mais, lorsque, en 1650, Corneille eut achevé de créer toutes les formes de la comédie, Molière n’en fut peut-être pas frappé aussi vivement, lui qui n’était l’auteur de rien et pour qui Pierre Corneille créait tout le théâtre.
L’Andromède de Corneille, jouée en 1650, inventait aussi la pièce en vers libres, en même temps que le grand spectacle d’opéra. On pourrait déjà penser qu’une Andromède en vers libres et un Amphitryon en vers libres ont quelque parenté. Or, Molière a joué Andromède. Les molié-