ristes savent bien qu’il y tenait le rôle de Persée. Ils le savent par un exemplaire qui inscrit la distribution en marge et ils ne sont pas embarrassés de dire que ce fut « sans doute » à Lyon et « probablement » en 1653. Car, si l’on écrivait la vie de Molière sur le thème : « Que sais-je », pas un historien sérieux n’atteindrait la centième page. Mais avec la ressource du « peut-être » on signe deux tomes in-octavo.
Qu’ils seraient heureux, les moliéristes, s’ils possédaient dix lignes de Molière sur le sujet d’Amphitryon à la date de 1650 ! Ce serait pour eux la preuve irréfutable.
On a bien dix lignes de Molière datées de 1650, mais ce ne sont que deux reçus et chacun d’eux prouve qu’à vingt-huit ans, Molière ignorait encore comment s’accordent les participes passés. Un acteur qui écrit « accordez » pour « accordée » et « ordonnées » pour « ordonnée » est incapable d’écrire et même d’entendre un alexandrin. Il ne sait pas où sont les muettes, où respire le vers de Corneille.
Et il ne sait pas non plus où est Amphitryon, n’en doutez point. Mais Corneille sait Amphitryon par cœur, depuis 30 ans, en 1650. Et depuis quatorze ans, Amphitryon l’agace parce que, seul, Les Sosies de Rotrou, ont troublé le triomphe du Cid ; et en 1650 le sujet d’Amphitryon le met hors de lui, parce que Les Sosies viennent de renaître