Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/82

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sur huit souffles et cinq liquides, treize consonnes qui respirent et soupirent, et que porte, à chaque hémistiche, la délicatesse d’un t — sans doute n’est-il pas indifférent d’avoir consacré sa vie non pas à exercer l’art d’écrire, mais à s’y exercer et d’avoir lu quelques millions de vers classiques — ceux de Ronsard et de Corneille d’abord — avant d’écrire un mot sur l’École des Femmes.

Pelléas, qui a toujours été un chef-d’œuvre, termine son premier acte sur cette variante : « Oh ! pourquoi partez-vous ? » Et je préfère, au théâtre, le mot de Mélisande, mais il a un tout autre caractère et ce n’est plus du tout le murmure d’Agnès. Il ne soupire pas, il résiste. Entendez bien que les poètes ne choisissent pas leurs consonnes comme j’ai l’air de le dire. L’armature de leurs phrases est œuvre de leur instinct et c’est pourquoi elle porte à chaque ligne l’empreinte de l’auteur, le cylindre qui scelle.

Depuis l’été de la Saint-Martin, M. Bidou ne s’est pas aperçu que je ne dis rien et qu’il y répond.

Comme il s’agit d’une guerre issue d’Amphitryon, M. Bidou a des Sosies prennent les noms V de Wei, Vély, Vautel, Veautardif, X. Y. et Zamacoïs, pour les dernières lettres de l’alphabet. Je parle au véritable M. Bidou, Henry Bidou, un homme charmant avec lequel je rivalise de prévenances puisque je réplique à la réponse qu’il me fait quand je ne dis rien.