Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/65

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belle, et je regarde mes doigts en marchant pour connaître toutes mes bagues.

— Tu devrais avoir un miroir à la main et ne regarder que tes yeux. Ils ne sont pas nés à Alexandrie, ces yeux-là. Tu es juive, je l’entends à ta voix, qui est plus douce que les nôtres.

— Non, je ne suis pas juive, je suis Galiléenne. — Comment t’appelles-tu, Miriam ou Noémi ? — Mon nom syriaque, tu ne le sauras pas.

C’est un nom royal qu’on ne porte pas ici. Mes amis m’appellent Chrysis et c’est un compliment que tu aurais pu me faire. »

Il lui mit la main sur le bras.

« Oh ! non, non, dit-elle d’une voix moqueuse. Il est beaucoup trop tard pour ces plaisanteries-là. Laisse-moi rentrer vite. Il y a presque trois heures que je suis levée, je meurs de fatigue. »

Se penchant, elle prit son pied dans sa main :

« Vois-tu comme mes petites lanières me font mal ? On les a beaucoup trop serrées. Si je ne les décroise pas, dans un instant, je vais avoir une marque sur le pied, et cela sera joli quand on m’embrassera ! Laisse-moi vite. Ah ! que de peines ! Si j’avais su, je ne me serais pas arrêtée. Mon voile jaune est tout froissé à la taille, regarde. »


Démétrios se passa la main sur le front ; puis, avec le ton dégagé d’un homme qui daigne faire son choix, il murmura :