Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/121

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filles dans la chambre des enfants, leur crime se complique ou se simplifie, je vous laisse le choix du terme…

L’abbé garda le silence.

— Enfin, dites une opinion, répéta l’interlocuteur. Suis-je bien informé ? Vous qui confessez toute la rue de Varennes, trouvez-vous que j’aie noirci le tableau des mœurs du temps ? Au sujet de l’inceste, en particulier, ai-je calomnié les jeunes filles ? Avouent-elles, voyons, confessent-elles ?

L’abbé de Couézy s’accouda au fauteuil avec un sourire très fin, à peine dessiné sous les yeux, et qui semblait s’adresser à lui-même… Puis il chuchota :

— Oui, mais elles se vantent.

En relevant les paupières l’abbé constata qu’on ne l’avait pas compris. Nous faisions la mine de gens qui attendent une réponse grave et qui reçoivent une pirouette. Il s’expliqua, un peu blessé.

Si je parlais ici, devant des confesseurs, je n’aurais rien de plus à dire. On aurait assez entendu ma pensée ; mais il est naturel que vous ne pressentiez pas toute l’intuition qu’il nous faut exercer pour discerner le vrai du faux, entre les réticences sur les faits que l’on nous cache, et les exagérations sur les fautes que l’on nous expose.

— Exagérations ?

— Très fréquentes… Comprenez bien d’abord