Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/140

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racontiez, vos amis la répéteraient… avec un certain sourire.


Madeleine ne parut pas entendre l’insulte. Elle était toute à sa joie d’échapper à l’affreux cauchemar et se sentait anéantie devant l’assurance de cet homme.

Elle se pencha vers Armande :

— C’est une grâce de Dieu que mon mari ne soit pas là ! Quelle chance que ce départ pour la chasse !

— Pour la chasse ? dit le couturier. Je crois que mes renseignements sont meilleurs. Il était indispensable que monsieur votre époux fût absent pendant la nuit de nos projets. Une personne fort à la mode s’est éprise de passion pour lui…

— Vous dites !

Il conclut en s’inclinant :

— C’est ce qui nous coûte le plus cher.


IV


Le lendemain matin, Mme Esquollier garda le silence, en effet, sur son aventure, car elle dormit jusqu’à deux heures, épuisée de fatigue et d’émotions. Mais sa meilleure amie, Mme de Lalette, ayant alors forcé sa porte, Madeleine éprouva le besoin irrésistible de s’épancher dans sa ten-