Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/186

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l’ivresse de sa bacchanale ; mais, comme elle se penchait vers la serrure, elle sentit la main osseuse qui s’abattait sur son épaule. Pour la première fois il la touchait. Elle recula de nouveau jusqu’au fond de la chambre.

— Hé ! dit-il en s’arrêtant. Ta peau est fraîche, ma fille. Comment n’es-tu pas encore dévêtue ? Quitte ta robe ! Je t’ai payée.

Il marcha vers elle, et de la robe lâche et fine il dégagea un sein.

Néphélis s’acculait au mur. Elle voulait parler, mais pas un mot ne sortait du tremblement de ses lèvres épouvantées… Le fou prit en ses doigts l’admirable sein, et pressa : quelques minces fusées de lait jaillirent.

À cette vue, il pâlit. Sa voix s’altéra et devint celle d’un petit enfant.

— Maman ! s’écria-t-il. Maman ! Pourquoi depuis cent ans ne m’as-tu pas nourri ? Que t’ai-je fait pour que tu donnes ton sein à un autre, à un autre que tu attends dans un lit de roses et d’aromates ? Est-ce parce que je n’ai plus de dents que tu ne veux plus nourrir ma bouche ? Maman ! pourquoi m’as-tu quitté ?

Et, paralysant des deux mains les bras de Néphélis éperdue, il jeta ses lèvres sur le mamelon, il suça comme un altéré.

Un sursaut d’horreur souleva la poitrine de la jeune femme :