Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/188

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— Ah ! cette odeur de myrrhe ! dit encore le fou. Ta loge est empestée, fille de joie ! Ha ! chasse la myrrhe ! À bas ! à bas !… Je suis Psammétique, fils du Soleil. La myrrhe est l’odeur de la Nuit. Je suis le Roi vainqueur, le Très-Haut, le Roi ! le Roi ! La myrrhe est l’odeur des bouges… Chasse la myrrhe, fille de la Nuit ! Par les cornes d’Hathor et par la gueule de Pascht ! à bas ! à bas ! à bas ! à bas !


Il s’affaissa, la tête renversée.

Néphélis, blottie à l’extrémité de la couche, le regardait avec des yeux immenses.

Un grand calme suivit. L’homme s’était tu. Au dehors, la même paix nocturne planait sur le jardin désert. Il ne viendrait donc pas ! Dieux ! peut-être il était venu, il avait frappé, il n’avait pas franchi la porte, il était parti… parti… Une angoisse atroce étreignit la poitrine de Néphélis.

Et le fou s’était relevé.

— Tu es belle, dit-il doucement. Depuis quand es-tu ma femme ? Tu n’étais pas ainsi du temps que j’étais roi. Tes cheveux blonds sont devenus noirs. Tes flancs étroits se sont élargis… Et tes jambes… Oh ! que tes jambes sont grandes !… Ouvre-les !…


De plus près encore, il lui parla, en posant la main sur une tablette de marbre où il y avait des fioles de parfums.