Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, fit-il, j’ai toujours pensé que le véritable confident des femmes, c’est le médecin et non l’abbé. Sur chacune de nos clientes, sur tout ce que le monde ignore d’elle, nous en savons beaucoup plus que le directeur de sa conscience. Les mœurs ont marché depuis les Grecs, chez qui tant de malheureuses mouraient en couches, parce que les sages-femmes étaient interdites par la loi et parce que les femmes honnêtes ne voulaient pas toujours se montrer aux accoucheurs. Aujourd’hui… je ne veux pas dire que toute pudeur ait disparu, ce serait absurde ; mais si, devant un médecin, le sentiment des convenances fait encore baisser les yeux, il ne fait plus baisser la chemise, et c’est en cela que nos contemporaines ne ressemblent pas exactement à la femme de Xénophon.

Autant la santé du corps est un bien plus réel, plus pressant et (pour quelques-unes) plus certain que le salut éternel, autant les femmes viennent à nous avec un désir plus sincère et plus ardent d’être exaucé. On nous permet tous les examens ; on nous pardonne toutes les questions. Le confesseur ne pénètre pas dans le secret de la vie conjugale : ce détail n’étant pas le péché, n’est pas soumis à la pénitence ; mais, comme il est la santé, il est soumis à la médecine. À d’autres égards le confesseur doutera toujours au milieu des aveux incomplets qu’il entend. La preuve n’est pas admise au confessionnal. Sur le lit de la malade,