Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/211

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question est de droit, elle est d’abord de médecine, comme vous le verrez par la suite. Mon cher, je n’ai jamais rien vu, ni lu de plus extraordinaire. Depuis cinquante-deux ans, je suis abonné à la Gazette des Tribunaux et aux suppléments du Dalloz ; j’ai entendu moi-même des milliers d’affaires ; on m’a conté les anecdotes juridiques les plus cocasses de notre temps ; mais rien qui ressemble à ceci. Vous m’en voyez stupéfait.

M. le président Barbeville s’enfonça dans son fauteuil, mit ses mains dans les manches de sa robe de chambre et formula lentement la question suivante en articulant chaque terme avec précision et netteté :


Comment un mariage régulier, conclu avec le consentement des deux parties, peut-il entraîner, par des nécessités immédiates et inéluctables, de la part de l’un des conjoints et avec la complicité de l’autre, les crimes de rapt, de séquestration, de proxénétisme, d’attentat à la pudeur, de viol répété, d’inceste, d’adultère et de polygamie ?


Effaré au début de l’énumération, le médecin finit par éclater de rire.

— Notez bien, poursuivit M. Barbeville, notez bien que je vous ai dit : par des nécessités immédiates et inéluctables. En effet, ce ne sont point