Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/33

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matin, de ton indépendance. Désormais, te voilà tranquille.

— Je ne suis pas, répondis-je, d’un naturel tremblant ; mais je ne doute guère qu’ici même et si tu donnais ton nom…

— C’est fait, déclara-t-il. Je me suis annoncé. Lorsque Philippe a su que je lui faisais l’honneur de visiter sa nouvelle ville où il n’installe que des goujats, il a dépêché sur ma route, à dix stades du pont de l’Euripe, un officier de son palais. Cet homme m’apportait des présents royaux, entre autres six colosses du Nord et les deux belles filles que tu vois : la force pour m’ouvrir la marche, la grâce pour fleurir ma personne.

— Des Macédoniennes ? demandai-je.

— Macédoniennes de Rhodes ! firent-elles en éclatant de rire.

Et Parrhasios, d’un geste généreux, conclut :

— Elles seront dans ton lit ce soir. Moi, j’en ai laissé d’autres avec mes bagages ; mais tu peux être seul, ami : accepte ces roses de ma main. Leur jeune peau doit être éclatante sur un tapis de pourpre sombre.


Nous approchions du grand marché. Il s’arrêta, et, me regardant :

— Au fait, tu ne me demandes pas ce que je viens chercher ici !

— Je n’osais.