Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/35

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de l’Homme et sa lutte avec l’Aigle-Dieu entre le Caucase et la Foudre, ah ! non ! Bryaxis ! on n’a pas fait cela. Ce Prométhée grandiose, je le vois comme ta face, et je veux en clouer l’image à la muraille du Parthénon.

Disant cela, il quitta l’appui de ses deux femmes, prit sa canne d’or au petit porteur et traça de grands gestes dans l’air.

— Depuis deux mois j’y travaillais, j’avais trouvé des rochers superbes dans les domaines de Kratès au promontoir d’Astypalée. Toutes mes études étaient finies. Le fond de mon paysage : prêt. La ligne de la figure : en place. Et tout à coup me voici barré : je ne peux pas trouver une tête. Oh ! s’il s’agissait d’un Hermès, d’un Apollon ou d’un Pan, tous les citoyens d’Athènes seraient fiers de poser chez moi ; mais prendre pour modèle un homme dont le génie resplendisse sur le visage et ligoter cet homme par les pieds, par les poings, sur la charpente d’un praticable, tu le vois bien, ce n’est pas possible. On ne peut disloquer ainsi que les membres d’un esclave. Et ces gens ont des têtes de brutes ! Ce sont des Encelades, des Typhons ; ce ne sont pas des Prométhées. Pourquoi ? parce que nous manquons d’esclaves qui aient été de libres Hellènes. Eh bien ! Philippe nous en apporte ; je suis venu les prendre où il les vend.

Je frémis.