Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/36

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— Un Olynthien ? dis-je. Un allié vaincu ? Mais où comptes-tu faire ce tableau ?

— À Athènes !

— Sur le sol d’Athènes, ton esclave sera libre.

— Il sera selon ma volonté.

— Mais alors, si tu le traites en captif, n’as-tu pas peur que les lois… ?

— Les lois ? dit Parrhasios avec un sourire. Les lois sont dans ma main comme les plis de ce manteau, que je jette derrière mon épaule.

Et d’un mouvement magnifique, il s’enveloppa de pourpre et de soleil.


III


Le marché aux Olynthiens s’étendait devant nous.

À perte de vue, et formant en ligne droite six larges voies parallèles, des estrades de planches étaient dressées sur des tréteaux de hauteur médiocre qui montaient environ à mi-cuisse des passants.

La population de toute une ville se massait là devant une seconde foule : l’une, marchandise, et l’autre, acheteuse. Quatre-vingt mille hommes, femmes, enfants, les mains liées derrière le dos, les pieds entravés de cordes lâches, attendaient, la plupart debout, le Maître inconnu qui les emmènerait vers un point mystérieux de la terre hellène.