Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/72

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cela forme un petit pot pourri assez curieux.

Enfin me voilà arrivé ! Je saute dans une voiture : « À Dizy, chez M. Louis ! » Et la rosse me conduit at home.

« Comment va papa ? dis-je à Alfred.

— Heu ! pas trop bien aujourd’hui. »

J’entre dans la salle à manger ; tout le monde est à table.

Papa ne me dit pas un mot. « Bonjour », et puis c’est tout.

J’attribue cela d’abord à son indisposition. J’entame la conversation : papa reste muet. Il doit y avoir quelque chose.

Enfin, quand tous les enfants sont partis avec Lucie, j’entame le point délicat : « Tu as reçu ma dépêche hier soir, papa ?

— Oui, mon enfant. Tu as un joli rang ! Cela me fait bien plaisir ! »

Voilà donc ce qu’il y avait ! Et papa continue :

« Septième ! Le dernier des mentionnés ! »

J’essaye en vain de rabibocher cela, de lui démontrer par a + b que je suis, après Givierge, un des deux ou trois meilleurs élèves de la classe, ce dont, toute modestie à part, je suis convaincu. Je lui explique la part stupide qu’on donne à la conduite à l’école. Mais il ne veut rien entendre. Il faudrait Georges pour le persuader. Ô Georges, que n’es-tu pas là !

Après le déjeuner, toute la famille part pour