Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Si tu veux, dit Prima interloquée. Mais alors il faut que ce soit moi qui le lui accorde. »

Elle se leva, entraîna sa sœur dans un coin de la chambre, lui parla tout bas et très longtemps. Sans doute elle lui donnait toute une instruction. La petite sautait de joie. Elle ceignit l’objet comme elle put. Il fallut pincer d’une épingle le ruban vert de la ceinture trop large. Puis les deux sœurs revinrent près du lit et Puella dit avec assurance :

« Mademoiselle, je ne vous cache pas que je bande pour vous.

— Savez-vous à qui vous parlez, monsieur ?

— Je m’en fous comme d’un poil de mes couilles, mademoiselle. Vous êtes trop belle pour vous montrer toute nue. C’est votre faute si je suis dans un état pareil et je ne sortirai pas d’ici avant d’avoir tiré six coups.

— Mais, monsieur, je suis vierge !

— Tant mieux pour moi.

— Ignorez-vous assez les usages du monde pour vous comporter ainsi à l’égard d’une jeune fille ?

Oh ! mademoiselle, il y a trois espèces de jeunes filles : les débauchées, on les baise ; les naïves, elles vous sucent ; les vertueuses, on les encule.

— Je suis profondément vertueuse.

— Alors vous allez être profondément enculée. Ne craignez rien pour votre honneur. Çà ne vous empêchera pas de trouver un mari.

— Je n’entends point vos paroles, monsieur, mais je ne saurais voir plus longtemps l’obscénité que vous offrez à mes regards. Je me détourne et me cache le visage. »