Page:Louÿs - Le Crépuscule des nymphes, 1925.djvu/166

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moqué avant-hier de ma lèvre nue et de mes jambes pâles. Je l’avais suivi à la trace dans la terre molle et sur les rochers égratignés par ses pattes ; je l’ai rencontré au bord de son antre. J’ai jeté mon arc dans les branches et nous avons lutté corps à corps. Il était vigoureux, mère, j’étouffais dans son étreinte. Mais j’ai empoigné tout mon paquet de flèches, et d’un seul coup je l’ai plongé dans son flanc maigre. Il a poussé un grand cri et s’est effondré sur l’herbe comme un sanglier blessé. Alors je lui ai coupé les deux pattes et je te les apporte en trophée ! »

Danaë frémit à l’impiété de l’enfant, et la vieille nourrice se voila les yeux, car elle voyait dans cet acte insensé le présage et l’avertissement d’un grand malheur à venir. Et en effet, ce fut le lendemain qu’arriva l’événement fatal.