Page:Louÿs - Le Crépuscule des nymphes, 1925.djvu/67

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Mais l’ombre de la réalité subsistera autour de toi, la survie est un rêve sans joie et sans chagrin ; sans désir et sans jouissance, tu ne connaîtras plus la douleur.

— Habiteras-tu aussi le pays que tu me promets enfin ?

— Je suis le Dominateur des ombres, le Maître de l’Eau Infernale. Je siège sur un thrône de ténèbres ; mon doigt levé attire à lui les âmes, et du plus lointain du monde, elles viennent tournoyer, faiblir, battre de l’aile sous mon regard. Je porte une couronne de pampre, car ainsi que le raisin coupé revit sous les pieds dans le pressoir et ruisselle en vin écarlate, ainsi l’angoisse de la mort se transfigure à miracle dans l’ivresse de la résurrection. Et je tiens à la main un épi de blé mûr, car de même que le grain pourri renaît dans