Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/119

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donna mystérieuse au frisson qu’elle sentait proche et ne sut en modérer ni l’ondulation ni le soupir, ni les soubresauts. Déjà elle reprenait conscience quand Line, inquiète, mais rassurante, lui demanda :

— Vous avez froid, mon amie ? Vous grelottez…

— Une petite faiblesse… dit Mirabelle. Ce n’est rien… J’y suis habituée…

— Voulez-vous marcher un peu ?

— Oui…

— Venez. Le parc est désert. Nous irons où il vous plaira.

Line laissa retomber sa jupe et se leva pour sortir.


Toutes deux reparurent sous le clair de lune.

La robe verte et la veste à paillettes errèrent ainsi quelque temps autour de la source gloussante. — L’une était d’émeraude et l’autre d’argent, mais, quand elles voulurent mirer dans le bassin leurs formes enlacées d’après les nymphes de marbre, elles virent que la nuit assemblait leurs couleurs à la teinte de l’eau et des bois.