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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/21

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On le voit, comme au temps de la naissance du roi Benoni XIV, ce haut personnage continuait à entretenir avec la reine-mère des relations sur la nature desquelles il n’y a point à insister.

— Jamais… non, jamais, tu ne te douterais, ô ami cher, de la catastrophe imprévue qui vient fondre sur nous.

— N’as-tu pas réussi à obtenir du roi la libération de mon malheureux fils ?

— Benoni a autant que nous hâte de le tirer de son cachot.

— Alors… pourquoi te désoles-tu ?…

— Je me désole, à cause de la condition que le roi veut lui imposer.

— Quelle est donc cette condition qui te cause si grand mal ?

— Ami cher… C’est terrible à dire… car ni toi, ni moi n’y pouvons souscrire. Ah ! nous sommes bien punis de notre sacrilège d’il y a vingt ans… Dieu nous châtie aujourd’hui dans nos enfants…

— Tais-toi. Ce que nous avons fait il y a vingt ans était nécessaire et pour mon compte, je ne m’en repens nullement… Dis-moi vite ce qu’exige le roi.

Radegonde alors parla, Elle parla longuement, et le grand sénéchal l’écoutait en mordant sa moustache… Le grand sénéchal n’était pas moins stupéfait que la reine… le grand sénéchal était abasourdi… il ne disait rien…

— Tu ne me réponds pas, Gontran… C’est que tu penses comme moi… C’est que tu crois, toi aussi, que nous ne pouvons accepter, nous qui connaissons le secret de la naissance de Benoni… notre enfant !… Ah ! nous sommes maudits, vois-tu !

Et Radegonde se laissa tomber en sanglotant dans les bras de son amant.

Pourtant, le grand sénéchal réfléchissait.

Il caressait doucement la pauvre reine, essayant de la consoler de son mieux.

Finalement, il la porta sur le lit de repos où si souventes fois ils s’étaient aimés, l’assit doucement et prit place à côté d’elle.

Puis d’un geste brusque, il se leva, porta la main à la garde de son épée et d’une voix décidée, déclara :

— Sois courageuse, ma Radegonde… Nous n’avons pas le choix…

— Il faut tout lui révéler, n’est-ce pas ?… Oh ! J’en mourrai de honte !…

— Tu n’y penses pas, s’écria Gontran de Vergenler. Ce n’est point là ce que j’ai voulu dire…

— Alors ?…

— Il faut obéir au roi…