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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/7

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Et le duc, emporté par son ardeur, ajoutait encore à ses discours enflammés des gestes qui achevèrent la défaite de son épouse, laquelle se rendit sans plus de résistance, si bien que l’instant d’après, elle disait en soupirant :

— Ô Népomucéne, si la princesse est aussi belle que votre ardeur est grande, ce sera la plus jolie qu’on ait jamais vue dans tout le royaume.

Dans le même temps que ces faits se passaient dans le palais du duc de Boulimie, le colonel du régiment des hallebardiers de la garde, le noble comte de Vergenler, rentrait tout joyeux en son logis et disait à la comtesse :

— Madame, réjouissons-nous, car notre maison vient encore de recevoir un grand honneur. Sa Majesté la reine m’a fait l’insigne faveur de me confier la charge de précepteur militaire de notre auguste souverain Benoni XIV.

Mais la comtesse ne se réjouit qu’à demi, car elle n’ignorait pas ce que racontaient les méchantes langues, à savoir que son mari, le comte de Vergenler, passait pour avoir obtenu de la reine Radegonde des faveurs d’un tout autre genre, ce dont elle n’éprouvait nul orgueil, mais une grande jalousie.

Pourtant elle accepta de célébrer le mémorable événement de ce jour avec son époux de la même façon que le duc et la duchesse de Boulimie, l’aide de camp et la dame d’atours de ces augustes personnages, et en général tous les Sigouriens, nobles bourgeois ou manants… Et le comte de Vergenler se montra avec son épouse d’autant plus brillant que depuis plusieurs jours, et pour cause, il était privé de l’honneur que lui faisait secrètement la reine Radegonde, honneur qu’il ne pourrait plus maintenant recevoir qu’après les relevailles de Sa Majesté.

Le ciel accorda au duc de Boulimie ce qu’il espérait, et neuf mois plus tard, jour pour jour, la duchesse Sigeberte donnait naissance à une princesse qui reçut le prénom de Séraphine, en même temps qu’un fils naissait au comte de Vergenler et que la dame d’atours accouchait secrètement d’un bâtard dont le père était sans conteste le premier aide de camp du duc de Boulimie.

ii

Les amours de la princesse Séraphine


Vingt ans ont passé, vingt années pendant lesquelles le royaume de Sigourie ne connut que d’heureux jours, car il ne fut en guerre avec aucun de ses voisins, ne vit ni famine ni épidémie et ne fut secoué par aucune révolution.

Le roi Benoni XIV règne toujours. C’est maintenant un jeune homme que son peuple adore, car son gouvernement